Le secteur du transport et de la logistique constitue le véritable système circulatoire de l’économie européenne. La libre circulation des biens et des personnes au sein de l’espace Schengen en est le fondement. Depuis le 7 juillet 2025, la Pologne a temporairement rétabli les contrôles aux postes frontaliers avec l’Allemagne pour une durée initiale de 30 jours. Quelles répercussions cette mesure entraîne-t-elle pour le transport routier et l’ensemble de la filière logistique ? Chez MAKO, nous analysons de près les implications de cette décision.
Impact direct du rétablissement des contrôles sur le transport routier
La décision du Conseil des ministres polonais vise à limiter l’immigration illégale. Elle est largement perçue comme une réponse aux contrôles déjà mis en place par l’Allemagne depuis octobre 2023.
La conséquence la plus immédiate est une nette augmentation du temps nécessaire pour franchir la frontière. Les contrôles allemands entraînaient déjà des retards de 15 à 40 minutes ; l’introduction de contrôles côté polonais pourrait doubler ces délais, provoquant des files d’attente estimées entre 60 et 90 minutes aux heures de pointe.
Fin mai, nous évoquions les défis liés à l’introduction possible de tarifs douaniers. Aujourd’hui, bien que les frontières restent officiellement ouvertes, la capacité globale des postes de passage est fortement réduite. Le rétrécissement physique des voies de circulation à un seul couloir par point de contrôle diminue mécaniquement le flux de véhicules.
Cette situation affecte directement la fiabilité des délais de livraison et compromet l’efficacité opérationnelle. Les retards peuvent entraîner des infractions à la réglementation sur les temps de conduite des chauffeurs ou provoquer des ruptures de contrat en cas de livraisons hors délais.
Conséquences économiques pour le secteur du transport et de la logistique
Chaque heure de stationnement ou de trajet prolongé – que ce soit pour un utilitaire léger, un porteur ou un ensemble articulé – se traduit par une hausse directe des coûts pour l’entreprise de transport, et par ricochet, pour le client final. Ces coûts comprennent une consommation de carburant accrue due aux embouteillages, des salaires majorés en raison du temps de travail allongé, et d’éventuelles heures supplémentaires. On peut raisonnablement prévoir une hausse des prix du transport de marchandises.
Par effet domino, cette augmentation pourrait nuire à la compétitivité de l’économie polonaise, les surcoûts logistiques étant inévitablement répercutés sur les prix des produits de consommation. Il est important de rappeler que la Pologne est un acteur majeur du transport routier en Europe, et toute perturbation significative impacte directement l’économie nationale.
Perspectives et stratégies d’adaptation face aux contrôles
Bien que les contrôles aient initialement été introduits pour une durée de 30 jours, des voix au sein du gouvernement laissent entendre qu’ils seront « probablement prolongés ». Cette attente est renforcée par le précédent établi par l’Allemagne, où les contrôles aux frontières sont en place depuis octobre 2023 et ont été prolongés à plusieurs reprises. Ce schéma montre que les contrôles temporaires aux frontières intérieures évoluent en un élément quasi permanent du paysage des transports au sein de l’Union européenne, tout comme les pénuries de chauffeurs professionnels.
L’impact cumulé de ces contrôles frontaliers impose une transformation fondamentale du secteur du transport, qui passe d’une gestion réactive des problèmes à une gestion proactive des risques et à la construction d’une résilience stratégique. Chez MAKO TSL, nous nous efforçons de nous adapter efficacement à ce paysage en constante évolution, tout en étant conscients de l’influence limitée que nous pouvons exercer sur la politique frontalière. L’une des mesures prises consiste à adopter un modèle économique centré sur le maintien de la majorité de notre flotte en dehors des frontières polonaises. Grâce à un système TMS moderne, nous suivons en temps réel les positions GPS de notre flotte, ce qui nous permet également d’éviter les embouteillages et de sélectionner les itinéraires les plus adaptés pour nos véhicules.
Notre service de planification surveille constamment la situation aux frontières et ajuste nos opérations en conséquence. En parallèle, nous développons activement nos flux d’exportation vers d’autres pays que l’Allemagne, ce qui renforce notre agilité face aux perturbations locales. Nous sommes convaincus que cette posture proactive – bien qu’elle ne puisse éliminer toutes les difficultés – nous permettra de préserver notre compétitivité et de gagner un avantage décisif dans un marché de plus en plus marqué par les tensions aux frontières intérieures de l’Union européenne.